حوار مع الفنان عمر ايت سعيد
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Entretien avec le chanteur, poète et compositeur des chansons éducatives Amazighs destinées aux enfants. " L’art, c’est l’amour de l’activité " affirme Omar AIT SAID L’un des cavaliers de la chanson et la poésie moderne de sud-est né en 1978 à la vallée des Roses Dades-M’gouna. Enseignant de la langue Amazighe et président de l’association "Anazour" (Artiste) : Association des artistes peintres.
Poésie :
1/ Comment aviez vous fait vos premiers pas en poésie ?
Tout d’abord merci infiniment de m’avoir donné un peu du blanc du papier sur votre journal pour partager avec vous ma modeste expérience artistique. A vrai dire, le feu mon père était l’un des "imgharn" du "Dades" et le porte parole d’une tribu à l’époque; il invite souvent des poètes Amazighs, aèdes et troubadours "Imdyazen" à notre "Tighremt" (kasbah). Des poètes viennent souvent de l’Azilal ou du moyen Atlas, c’est à travers ce climat culturel que j’ai commencé à inspirer ma poésie modeste.
2/ C’est quoi la poésie pour vous ? Et quel est votre bilan en poésie? Parlez nous des livres de poésie que vous aviez édités ?
Pour moi la poésie est un miroir qui reflète les mutations de la société, ce reflet qui se fait souvent d’une façon spontanée et progressive. Mon attachement à la poésie orale "l’Ahidous" m’a donné une force et un vocabulaire riche de langue amazighe pour écrire et publier deux recueils jusqu'à présent : Le premier s’intitule "Tizlatine" (Comptines); il est destinés aux enfants en général et aux élèves des écoles en particulier et il est publié par l’institut royal de la culture Amazighe "IRCAM" en 2008. Le deuxième "Tabrat n usgmi" (Message éducatif) est publié dans le cadre du festival des Roses à "Kelaat M’gouna" en 2013.
3/ Quels sont les sujets de vos poèmes ?
Ma modeste poésie est riche au niveau des thèmes, elle traite et défende les valeurs sociétales telles que la solidarité, la justice, la fraternité, l’hospitalité, l’amour, le bien, et la dénonciation des maux sociaux. Je m’intéresse beaucoup à l’apprentissage et l’éducation en tant qu’une nécessité naturelle et condition sine quoi none pour créer tout changement désiré.
4/ Vos projets pour 2015 ?
Pour 2015 j’ai l’intention de publier un album destiné aux enfants, qui sera un support pédagogique utile qui vise à transmettre le vocabulaire et des leçons en tamazight à travers des chants éducatifs. En outre, je suis entrain de mettre les dernières retouches sur mon livre des nouvelles "Ouddour n tmghart" (L’honneur de la femme). Un travail est le fruit d’un couple co-auteurs, à vrai dire j’ai écrit les nouvelles en langue amazighe et ma femme "ZahRaAdouche" les a traduite en langue anglaise.
Chanson :
1/ Comment aviez vous débuté votre carrière de chanteur ?
C’est comme j’ai déjà dit en répondant à la question concernant la poésie; j’étais influencé dès mon jeune âge par les visites des "Imdyazn" que mon père – qu’il repose en paix – avait l’habitude de les inviter et les héberger chez nous à la maison. En outre, la vallée de "Dades-M’goun" forme le berceau des grandes stars de la musique moderne telles que "Moha Mellal" et "Mustapha El Ouardi" sans oublier les chanteurs de la poésie classique comme "Ijoud" et "Ouhachm". Je tiens à citer également le soutien énorme de mon frère "Abderrahman" qui m’avait acheté ma première guitare à Casablanca en 2001. En effet, toutes ces conditions favorables m’ont donné la force psychique et émotionnelle et l’inspiration poétique et rythmique afin que je puisse mettre le train de ma carrière artistique sur la bonne voie.
2/ Quels sont les albums que vous aviez édités ?
Jusqu’à présent, j’ai édité cinq albums : Le 1er a été en 1999 titré "Atbiramllal" (Pigeon blanc) édité par la société "Jawharat Al-rajae" à Er-Rachidia. Le 2ème s’intitule "Timmouzgha" (L’Amazighité) en 2005 édité par la société "Itri Musique" à Casablanca. Le 3ème titré "Almmoud" (Apprentissage) édité aussi par "Itri Musique", c’est un album des comptines que j’ai chanté avec des enfants et ai dédié à eux et à tous les enfants du monde et ceux des écoles, des collèges en particulier. Le 4ème album était en 2010 sous le titre "Tabrat" (Message). Le 5ème et le dernier album est celui de cette année 2015 titré "Ildjign n oudrar" (Les fleurs du mont) est aussi édité par la société "Itri Musique".
3/ Qui vous fait les paroles des chansons ?
Dans mes premiers albums, j’ai fait la composition à mes poèmes et je les ai chantés. Dans un deuxième temps, j’ai eu l’intention de faire l’investissement musical de notre mémoire collective du Sud-est du Maroc Un patrimoine immatériel si riche au niveau des rythmes, du vocabulaire et des valeurs notamment le genre poétique "Timnadine" et "Izlan n Ouhidous". Dans le dernier album j’ai fait appel à mes amis poètes tels que le célèbre "Moha Mellal" qui m’a dédié un poème titré "Ildjign n lkhla" (Les fleurs du désert). J’ai aussi chanté le poème "Mounatagh" (Unissons-nous) du poète talentueux "Hamid Talibi" de la ville "Tinejdad"; ce jeune poète possède des techniques et des qualités d’écriture poétique très importantes.
4/ Parlez nous de votre dernier album ?
Mon dernier album "Ildjign n oudrar" (Les fleurs du mont) est un travail de réflexion et le fruit d’un travail collectif qui a duré trois ans de préparation.
J’ai choisi des thèmes différents, des musiciens compétents, et aussi des poètes de grand talent. J’espère que le publique admire bien ce qu’on fait. La 1ère signature de cet album sera à la maison de la culture "Kelaat M’gouna" en collaboration avec le ministère de la culture et l’association "Tazra Art".
Dans ce cadre, j’aime bien remercier mes partenaires qui m’encouragent et aussi les musiciens qui m’ont aidé énormément afin que ce travail s’achève notamment "khalid Riyad", "Mohammed Barja", "Sifawin", "Amnay", "Youssef Ketbi" et "AbdEssamadArjdal".
5/ Que signifie le titre de votre dernier album ?
"Ildjign n udrar" (les Fleurs du mont), j’ai inspiré ce titre à partir du recueil de "Baudelaire" (Les fleurs du mal). Pour moi ce titre résume les thèmes de l’album car "les fleurs" sont relatives à la joie, au bonheur, à l’amour et à la tendresse. Des sentiments qui ne s’achètent pas mais qui se cultivent. "Les fleurs" signifient aussi la simplicité, le bien-être, la tranquillité, l’élégance de l’esprit, la sensibilité et surtout la liberté. Certes, le mot "mont" n’est pas seulement relatif à la souffrance, à la marginalisation et la vie dure des montagnards qui souffrent de l’absence de vraies politiques d’amélioration des conditions de leur vie; mais aussi il est le symbole de la résistance, de valeurs authentiques, et de la dignité. Les montagnards ressemblent aux fleurs qui résistent en dépits des conditions climatiques difficiles et des maux de l’Homme.
6/ Parlez nous de l’expérience des groupes musicaux au sud est ?
La plupart des artistes du Sud-est sont des artistes qui ont un fort message à transmettre, des artistes engagés, à titre indicatif je cite quelques uns: "Ijud", "Ouhachm", "Moha Mellal", "El Ouardi Mustapha", "Angmar", "Amnay", groupe "Saghrou", "SaidBounadm", groupe "Tawargit", groupe "Tagrawla", groupe "Tanalt"… je demande pardon de ceux que je n’ai pas cités car les noms sont très nombreux. En dépit de leurs moyens simples, les chanteurs du Sud-est sont capables de produire de grandes créations même s’il n’y a pas des observatoires de formation musicale dans notre région car ils ont la volonté de créer et l’air de prendre les choses au sérieux et s’attachent au droit de s’exprimer et défendre leur vie relative à la cause amazighe. C’est pour ces raisons que la musique du mérite donc d’être écoutée, encouragée et appréciée. Riche et engagé, la musique du Sud-est joue un rôle à double objectifs: C’est une création artistique et esthétique et aussi une référence et une documentation qui reflètent la réalité d’une société tatoué par des valeurs nobles et teinté d’un amour vif et sincère.
7/ Un mot sur la disparition de "AmouriMbarek" ?
Le feu "AmouriMbark" est une grande star que la chanson amazighe a perdue. C’est l’un des fondateurs de la chanson moderne Amazighe. Un chanteur intellectuel très conscient de son identité; sa musique exprime sa personnalité, il a pu forger sa place dans l’histoire de la musique amazighe moderne. Son choix de certains poèmes de feu "Ali SidqiAzyko" est un choix considéré à cette époque-là comme une aventure mais il a fait le pari en montrant son intelligence et son habileté comme étant un vrai artiste éminent qui vise le changement et l’évolution de la chanson amazighe.
8/ Quels sont les problèmes de la chanson amazighe au sud -est ?
Les problèmes sont divers et multiples, mais je cite ceux qui ont une relation directe au champ de la chanson amazighe :
- D’abord le piratage demeure l’un des grands problèmes qui menace la création en générale au Maroc.
- Ensuite, au Sud-est on souffre de l’absence des boites de production. Les entrepreneurs n’ont encore ni la confiance ni l’audace de faire leurs investissements dans le domaine de la culture ou de l’art en général.
- En outre, on constate l’absence aussi des observatoires de la musique cela met toujours la musique du Sud-est à la marge.
- Enfin, les radios et les chaines télévisées nationales en général traitent le produit artistique du Sud-est d’une façon folklorique. C’est pourquoi on tient toujours à demander aux responsables de la chaine TAMAZIGHT (TV8) de bien chercher les trésors culturels du Sud-est, de les analyser d’une façon académique et scientifique et de faire appel aux penseurs et aux intellectuels locaux ainsi qu’aux artistes, peintres, penseurs, écrivains et poètes afin de débattre moult sujets relatif à l’art et à la culture.
Pour clôturer, je signale que la création artistique du Sud-est vit une évolution remarquable soit au niveau des textes soit au niveau de la musique. Cette évolution mérite en parallèle le soutien des responsables et les encouragements de l’entourage. Tanmmirt !
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منقول
حاورته جريدة نبض المجتمع